L’intelligence artificielle au service d’une pharmacie clinique plus humaine et plus efficiente

Dans le cadre de notre symposium « L’IA en santé : du buzz à l’usage », le professeur Pierrick Bedouch, coordinateur du pôle pharmacie au CHU de Grenoble Alpes et chercheur au laboratoire TIMC, a proposé une intervention riche et structurée sur les apports concrets de l’intelligence artificielle dans la pratique pharmaceutique clinique. Son propos, à la fois ancré dans la réalité hospitalière et tourné vers l’innovation, met en lumière les transformations profondes à l’œuvre dans le métier de pharmacien.


La vidéo de son intervention est disponible ci-dessous.

Apport l’Intelligence Artificielle en pharmacie clinique quelles perspectives – Pierrick Bedouch

Une discipline en mutation

La pharmacie clinique, longtemps cantonnée à des fonctions logistiques ou réglementaires, s’impose aujourd’hui comme un acteur central du parcours de soins. Elle vise à optimiser la prise en charge médicamenteuse du patient, en lien étroit avec les autres professionnels de santé. Et dans ce contexte, l’IA devient un outil stratégique pour faire face à la complexité croissante des traitements, des interactions et des données.

« Le pharmacien, c’est le copilote de la stratégie thérapeutique. Il ne remplace pas le médecin, mais il l’aide à piloter avec plus de sécurité et de pertinence. »

IA et pharmacie : des usages concrets

Le Pr. Bedouch a présenté une revue de littérature sur les usages de l’IA en pharmacie clinique, identifiant quatre grands domaines d’application :

  • L’analyse de prescription, avec des outils capables de détecter les prescriptions à risque ou les interactions complexes.
  • La dispensation, notamment en contexte de pénurie, où l’IA peut aider à anticiper les besoins et optimiser les stocks.
  • Les entretiens pharmaceutiques, avec des solutions de prédiction des besoins d’intervention ou de détection d’erreurs de prise.
  • La préparation des injectables, où des systèmes de reconnaissance visuelle assistée par IA (comme DrugCam) permettent de sécuriser les étapes critiques.

Vers une pharmacie augmentée

Le Pr. Bedouch a aussi évoqué les technologies émergentes qui transforment la pratique : reconnaissance vocale pour automatiser la rédaction des comptes rendus, avatars digitaux pour les entretiens à distance, dispositifs médicaux connectés pour suivre l’observance, ou encore thérapies digitales à visée antalgique ou comportementale.

Il insiste sur un point : l’IA ne remplace pas le pharmacien, elle lui permet de se recentrer sur l’essentiel : le lien avec le patient et la qualité du soin.

Une attente forte : l’adhésion thérapeutique

En conclusion, il regrette que peu de solutions IA soient aujourd’hui centrées sur l’adhésion médicamenteuse, pourtant cruciale pour l’efficacité des traitements. Il appelle à développer des outils qui aident les patients à mieux comprendre, suivre et vivre leur traitement.


À lire également :

L’intervention de Sonya Tamby sur l’IA, la pharma et la médecine de précision

Articles liés

Réponses