Prévention et traitement de l’anxiété sociale chez les jeunes : un article du Journal of Medical Internet Research !

Les interventions numériques contre l’anxiété sociale chez les jeunes : une solution prometteuse mais encore perfectible

Une méta-analyse publiée dans le Journal of Medical Internet Research par l’équipe de l’Université de Berne (Suisse) apporte un éclairage précieux sur l’efficacité des interventions numériques en santé mentale (DMHI) pour prévenir et traiter le trouble d’anxiété sociale (SAD) chez les enfants, adolescents et jeunes adultes.

Le SAD, qui touche jusqu’à 36 % des adolescents, se manifeste par une peur intense d’être jugé ou embarrassé en public. Il débute souvent avant 14 ans et peut entraîner des conséquences durables : isolement, dépression, difficultés scolaires et professionnelles. Face aux obstacles d’accès aux soins (stigmatisation, manque de ressources, faible littératie en santé mentale), les DMHI apparaissent comme une alternative accessible et scalable.

Une efficacité démontrée mais modérée

L’analyse de 21 essais contrôlés randomisés (RCT) regroupant plus de 4 000 participants montre que les DMHI ont un effet significatif sur la réduction des symptômes du SAD (Hedges g = 0.508). Les interventions basées sur les principes de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), intégrant des éléments spécifiques au SAD et accompagnées d’un soutien humain, sont les plus efficaces. Les effets sont plus marqués chez les adolescents et jeunes adultes que chez les enfants.

Cependant, l’effet diminue avec le temps : les bénéfices observés à 3-6 mois post-intervention s’atténuent, et deviennent non significatifs à 12 mois. Cela souligne la nécessité de renforcer la durabilité des traitements numériques.

Le rôle clé du soutien humain et de la personnalisation

Les interventions guidées (par thérapeutes ou coachs) surpassent largement les programmes en auto-gestion. Le soutien humain améliore l’adhérence, facteur essentiel mais encore mal mesuré dans les études. Par ailleurs, les DMHI spécifiquement conçus pour le SAD sont plus efficaces que les approches transdiagnostiques visant plusieurs troubles anxieux.

En revanche, l’implication des parents ne semble pas influencer significativement les résultats, surtout chez les adolescents et jeunes adultes, dont les contextes sociaux anxiogènes se situent souvent hors du foyer.

Des limites méthodologiques à surmonter

Malgré des résultats encourageants, la méta-analyse pointe plusieurs faiblesses : hétérogénéité des échantillons, manque de données sur l’adhérence, faible nombre d’études avec suivi à long terme, et qualité méthodologique variable. De plus, la majorité des DMHI étudiés ont été développés dans des pays à hauts revenus, avec peu d’efforts pour inclure des populations socio-économiquement diverses.

Vers une démocratisation des soins psychologiques

Les auteurs appellent à une recherche plus rigoureuse, inclusive et participative. Impliquer les jeunes dans la conception des DMHI, tester des formats de soutien variés, et mieux comprendre les mécanismes d’efficacité sont des pistes pour améliorer l’impact de ces outils. En surmontant les défis actuels, les DMHI pourraient jouer un rôle majeur dans la réduction des inégalités d’accès aux soins psychologiques chez les jeunes.

Retrouvez cet article du Journal of Medical Internet Research dans son intégralité

Articles liés

Réponses