Secteur des technologies e-santé : contexte difficile mais résilient, selon une étude française
publié le 11 mars 2024
L’association France Biotech, qui rassemble des sociétés et entrepreneurs français des healthtechs, a pris le pouls du petit monde des start-ups e-santé et IA françaises. Son constat ? Un secteur de la santé numérique jugé résilient mais néanmoins en difficulté et un manque de financement des start-ups “notamment au moment de l’amorçage et des tours A et B”.
Son étude annuelle “Panorama France Healthtech”, réalisée en partenariat notamment avec BPI France, Euronext et EY, se penche sur la situation des start-ups et PMEs françaises actives dans les technologies innovantes au service de la santé?
Les auteurs de l’étude font certes état de la “résilience” et du “dynamisme”, de “capacité de réinvention” du secteur, dans son ensemble, mais relèvent aussi quelques faiblesses et signes potentiellement inquiétants. Notamment la disparition de sociétés (50 medtechs et 39 biotechs ont mis la clé sous la porte en l’espace d’un an).
DIXIT
France Biotech : “46% des jeunes pousses de la e-santé sont pessimistes quant à leur viabilité”.
Le manque de financement du côté des jeunes pousses est un phénomène déjà souvent pointé du doigt. Il l’a à nouveau été pour 2023. Cette année, France Biotech dit d’ailleurs vouloir en faire l’un de ses chevaux de bataille.
Les dossiers de recherche de financement demeurent nombreux (ils concernent, selon les chiffres de l’étude, 63% des entrepreneurs e-santé français). Or, souligne l’étude, le marché est semé d’obstacles : “contexte macroéconomique et financier est incertain, hausse des taux d’intérêt, sélectivité plus forte des investisseurs”. En 2023, au niveau mondial, les niveaux d’investissements en healthtech ont baissé de 19% au niveau mondial par rapport à 2022. En Europe, les investissements en capital-tiques à destination des projets e-santé a diminué de 19% en Europe l’année dernière.
Mais si l’étude estime que le financement est trop faible, cela ne semble pas fondamentalement porter atteinte à la création de nouveaux acteurs et à l’émergence de projets et de produits. 50 nouvelles start-ups classées “santé numérique” ont vu le jour en France en 2023 et les sociétés existantes semblent, pour la plupart, progresser sur l’échelle de maturité (atteinte du stade de commercialisation, entrée sur les marchés internationaux – Etats-Unis, Allemagne et Royaume-Uni étant les principales destinations de prédilection des healthtech françaises).
Plus ou au-delà d’un problème de financement, le souci demeure essentiellement de “trouver un modèle économique pérenne”.
Par ailleurs, autre constat récurrent, l’un des problèmes auxquels doivent faire face entrepreneurs et start-ups (voire scale-ups) de l’e-santé est un “manque de connexion entre les acteurs de la santé [lisez: les institutions et professionnels de la santé opérant sur le terrain] et les entrepreneurs”.
L’étude revient également sur le sujet des données de santé et de leur disponibilité (ou mise à disposition). Il est donc question de l’enjeu de la souveraineté européenne (ou infra-européenne) et de l’hébergement. Commentant les résultats de l’étude, le fondateur du Digital Medical Hub (créé à l’origine au sein de l’AP-HP – Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) déclarait par exemple au média Maddyness : “Si les données sont hébergées à l’étranger, on ne peut pas les récupérer et cela peut mettre en danger les patients.”
Quelques statistiques 2022/2023 sur le secteur healthtech français :
- un total répertorié de 2.663 entreprises en 2023
- réparties comme suit : 820 biotech, 1.393 medtech et 450 sociétés de numérique en santé et intelligence artificielle
- progression en nombre du nombre de start-ups e-santé (elles étaient 200 à être répertoriées outre-Quiévrain 4 ans plus tôt)
- 60.000 emplois directs et indirects : + 19% d’emplois directs en deux ans
- financement venant de BPI France : 1,2 milliard d’euros, dont 674 millions en financement public
Source: Maddyness, EY.