Formation initiale des médecins : peut (doit) mieux faire

publié le 5 mars 2025

Le coup de semonce est sévère : la médecine et son exercice évoluent, les réorganisations successives achoppent parfois sur des obstacles qui n’ont pas été évalués et les professionnels formés le sont insuffisamment aux besoins actuels.

Ce constat émane de l’Académie nationale française de médecine. Elle pointe du doigt une série de lacunes dans la manière dont est organisée la formation initiale des futurs médecins. Notamment en matière d’éthique et de gestion au quotidien de leur activité.

Selon elle, il y a “urgence à introduire ou augmenter le temps de formation concernant l’économie de santé, l’organisation du système de santé, les sciences numériques et la cybersécurité, l’art de l’écoute et du partage, les techniques de management.”

L’avis de l’Académie contient dès lors une série de recommandations, essentiellement axés et cohérents avec la situation dans l’Hexagone. Mais le constat global et les principales recommandations sous forme d’“orientations” pourraient, quant à eux, trouver écho ailleurs…

L’espoir, souligne l’Académie française de médecine est de “permettrede bâtir un modèle de formation à la fois plus court, plus concret et plus multidisciplinaire, reposant sur trois évidences :

1° – La nécessité d’accélérer la transition entre l’intégration des connaissances scientifiques et médicales classiques et l’apprentissage d’un savoir-faire en apprenant concrètement le vrai métier, abordant davantage les questions d’économie, de transition écologique, d’environnement, de biogénomique, de sciences numériques et d’intelligence artificielle, de cybersécurité, comme celles de l’organisation d’une installation en libéral,en centre ou maison de santé, ou celles concernant les aspects managériaux, juridiques et éthiques de la profession.

Apprendre la pratique du métier de médecin au quotidien de la consultation, de la visite à domicile, du bloc opératoire, de la salle de radiologie, du microscope de l’anatomopathologiste, de l’entretien psychiatrique et des autres spécialités ainsi que l’art d’exercer en équipe.

Se renseigner sur la carrière hospitalière et le cursus universitaire, le tout dans un esprit de coopération interprofessionnelle initiée dès le début des études, apportant aux étudiants en santé

(médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, sciences infirmières, kinésithérapie et odontologie), des bases de connaissances communes et partagées.

2° – L’importance de développer dans le cursus, outre le savoir-faire, l’apprentissage d’un savoir-être. Savoir écouter, expliquer, rassurer, tout comme savoir annoncer un diagnostic difficile, sont des qualités indispensables à l’exercice d’une bonne médecine, tout comme savoir partager et manager.

3° – La variabilité des qualités requises qui diffèrent selon que l’étudiant se destine à un exercice tel que la médecine générale, à la recherche dans un laboratoire, à la chirurgie ou à la médecine de santé publique. Une formation pratique uniforme encore très hospitalo-centrée au sein des CHU en tant qu’externe, puis interne, ne permet pas de répondre concrètement à cette diversité d’exercice. L’universitarisation d’autres lieux de pratique, de coopérations et d’échanges interprofessionnels s’impose donc comme un élément essentiel visant à couvrir tous les aspects d’un exercice sanitaire global et partagé.”

Académie française de médecine: “Si l’université transmet un savoir scientifique et médical, elle ne prépare pas les étudiants à l’exercice réel du métier. Les stages hospitaliers ne couvrent pas tous les aspects de la profession, notamment la gestion quotidienne du cabinet et la coordination avec d’autres professionnels de santé.”

Source : SantéMentale.fr

Publication du rapport de l’Académie française de médecine – “La formation médicale initiale”.