L’IA en santé : oui mais avec modération (dans tous les sens du terme)
publié le 2 janvier 2025
On continue à parler beaucoup d’IA en santé et en médecine. Voici deux échos récents…
L’IA comme alliée de la pharmacologie de précision
Déjà souvent décriée pour leurs biais (1), voire leurs errances, les algorithmes IA ne sont pas pour autant à vouer en vrac aux gémonies. Le tout est de concevoir des solutions IA objectives, vérifiées, étayées, non discriminatoires et, bien entendu, utiles.
C’est ce qu’espère démontrer – parmi d’autres – la start-up française Theremia qui s’est lancée sur le terrain du développement de traitements médicaux personnalisés, ou de précision.
Objectif : contribuer à “déterminer la bonne dose de médicament pour le bon patient, en se basant sur les différences populationnelles” et ce, en identifiant et tenant compte, grâce à l’IA, des spécificités liées à l’origine ethnique, au genre, à l’âge, aux antécédents, au mode de vie… Parce que – on le sait pourtant – le même médicament administré à la même dose dans les mêmes conditions ne produira pas les mêmes effets sur des individus appartenant à des cohortes populationnelles différentes.
Les deux fondatrices affichent un bagage multidisciplinaire : études de pharmacienne, compétences en neurosciences, mathématiques et santé publique.
L’IA doit donc aider à distinguer, selon les cas, le bon grain de l’ivraie et mettre en évidence l’action médicamenteuse en fonction du patient, et permettre des adaptations compte tenu des résultats documentés et/ou pressentis.
Premier champ d’action auquel la jeune société s’attaque : les troubles et pathologies neurologiques (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, dépression…) mais aussi l’oncologie gériatrique.
Sources : egora.fr et ActuIA.
(1) Les biais dans l’IA, on ne cesse d’en parler. Lire notamment ce billet d’opinion récent publié dans Les Échos (France) par Isabelle Hilali, fondatrice de datacraft, une société spécialisée en “data science”. Le titre : “L’IA en santé a-t-elle un sexe?”.
Réguler pour mieux protéger
Dans un article publié sur le site “Village de la justice”, la doctorante française CélineGauthier-Maxence (Ecole doctorale de Droit, Paris) explore le cadre juridique appliqué en matière de médecine numérique – et son évolution dans le temps.
Son but : “souligner les enjeux éthiques et de souveraineté des données, ainsi que les lacunes des régulations actuelles” et proposer des pistes d’amélioration.
Elle y évoque notamment la nécessité, non seulement pour la France mais aussi pour les pays européens et l’Europe de se doter des outils et cadres juridiques et législatifs nécessaires pour garantir une protection plus efficace des données de santé – trop souvent confiées à des opérateurs extra-européens (américains notamment) répondant à des impératifs économiques et à des “règles” éthiques foncièrement différentes voire dangereuses.
Elle s’attarde aussi sur les implications de l’utilisation de l’intelligence artificielle, estimant par exemple qu’“il est crucial de développer des normes éthiques internationales spécifiques à l’IA en santé” et ce, en instaurant autant que fair se peut une harmonisation transnationale.
Parmi les listes d’évolution et d’amélioration évoquées, l’auteure évoque notamment la création d’une agence européenne dédiée à la régulation des données de santé et des technologies numériques en médecine mais également la nécessité d’une plus grande implication des citoyens dans l’élaboration des politiques de régulation.
“Régulation juridique de la “médecine numérique” : évolutions, enjeux et défis de l’utilisation des données de santé”. A consulter sur le site Village de la justice via ce lien.