Financement des start-ups e-santé : faut-il revoir la méthode ?

publié le 16 septembre 2024

L’analyse évoquée ici vient de France mais on peut facilement s’y reconnaître…

Dans un rapport récent (le “Panorama France HealthTech 2023” émanant de France Biotech, association ayant pour raison d’être la “promotion du développement des start-up et des entreprises de l’innovation santé en France”), les auteurs pointent une “faille systémique” dans le mode de financement des start-ups e-health (y compris les catégories medtech et biotech).

“Le système actuel de financement des start-ups de santé en France […] souffre d’un manque de vision à long terme et de coordination entre les acteurs publics et privés.” – “Panorama 2023”, France Biotech.

Les statistiques françaises demeurent pourtant plutôt bonnes puisque le pays dénombre quelque 60.000 emplois et 2.600 entreprises (soit deux fois plus qu’en 2020). Quant au score des fonds levés pour des sociétés e-santé en 2023, il s’établit à 1,8 milliard d’euros.

Là où cela coince selon les auteurs du rapport, c’est lors de la phase d’industrialisation. Et ce, en raison de motivations – du côté des investisseurs privés – qui pipent les dés: “les financeurs privés, tels que les sociétés de capital-risque et les business angels, cherchent avant tout à maximiser leur retour sur investissement. Cela les pousse à cibler des marchés mondiaux nécessitant des investissements préalables substantiels et des preuves de concept à la fois solides et coûteuses.”

Un problème qui n’a rien de neuf et est une “marque de fabrique” des fonds et autres investisseurs privés (mais aussi, dans une certaine mesure, publics).

Résultat ? “Des projets prometteurs, initialement soutenus par d’importants fonds publics, se retrouvent dans une impasse lors du développement international par manque de financement, notamment durant la phase cruciale et coûteuse des essais cliniques nécessaires pour obtenir les certifications CE en Europe ou FDA aux États-Unis.”

Autre problème (tout aussi classique et également vécu, dans une moindre mesure, en Belgique) : des acteurs venus d’ailleurs tirent profit des efforts de départ : “des leaders mondiaux étrangers, […] en tirent d’importants bénéfices alors que la France y a investi des millions d’euros”. Ce qui fait mail à la fierté hexagonale et à l’ambition de “souveraineté nationale”.

Comment éviter ces écueils ?

Les auteurs du rapport “Panorama 2023” suggèrent un changement d’approche et quelques pistes, notamment :

  • – instaurer une “collaboration étroite et précoce entre les acteurs publics et privés du financement” – ces consortiums composés de finances publics et privés et de l’entrepreneur “pourrait évaluer la qualité des projets sous tous ses aspects : innovation, impact sanitaire, potentiel commercial et faisabilité réglementaire”
  • – faire en sorte que les acteurs publics du financement aient les capacités (aptitudes, compétences, moyens et volonté) d’intervenir au-delà de la seule phase d’amorçage – en répartissant les risques avec des investisseurs privés, intervenant comme co-investisseurs

Source: JDN (Journal du Net).

Le rapport “Panorama France HealthTech 2023” de France Biotech peut être consulté via ce lien.