Québec: bientôt une appli de “contact tracing” basée sur l’intelligence artificielle?
publié le 20 mai 2020
A l’heure du coronavirus, des applis de traçage (suivi ou dépistage, selon la terminologie en vigueur) de contacts voient le jour dans différents pays. Plus ou moins intrusives, obligatoires ou facultatives, permettant de générer une carte plus ou moins complète de la propagation du virus… L’une d’elles est dans la dernière ligne droite de préparation à l’Institut québécois d’intelligence artificielle (le Mila). Sortie attendue, début juin.
De par leur spécialisation, les auteurs ont agrémenté l’outil d’une bonne dose d’intelligence artificielle destinée à ajouter une couche fonctionnelle assez particulière. A savoir: “l’évaluation en continu du risque d’infection de son utilisateur”.
Le but n’est donc pas (ou pas uniquement) d’avertir des personnes récemment croisées qu’elles courent le risque d’avoir été contaminées mais bien d’intervenir en amont de la contamination d’origine puisque des algorithmes sont chargés d’évaluer le risque d’infection par croisement de diverses données: âge, sexe, état de santé, symptômes récents, contacts récents avec d’autres usagers (détection par Bluetooth)… Les données, anonymisées et cryptées, seront centralisées sur un serveur géré par un organisme à but non lucratif, “indépendant du gouvernement mais travaillant étroitement avec les autorités de santé publique), et par ailleurs doté de deux comités (scientifique et éthique).
Les algorithmes serviront également à des fins épidémiologiques, enrichissant en boucle la précision prédictive. Cette précision dépendra en partie de la richesse des données collectées et encodées. “Le simulateur épidémiologique se nourrira des informations dépersonnalisées des utilisateurs. Le modèle pourra extraire des relations beaucoup plus raffinées sur la Covid-19 que l’information qui existe aujourd’hui dans la littérature médicale”, déclare Joumana Ghosn, la directrice Recherche appliquée en apprentissage automatique au Mila. “Par exemple, le simulateur pourra estimer les risques réels de contracter la Covid-19 pour une personne diabétique de 70 ans qui porte toujours un masque en public.”
Le simulateur pourra également être utilisé pour scénariser l’impact potentiel de mesures de déconfinement.
L’application procurera par ailleurs des conseils en fonction du niveau évalué de risque de contagion.
Une analyse d’acceptabilité éthique est encore en cours au niveau de la Commission de l’éthique en science et en technologie du Québec.
Le Mila a publié un livre blanc qui présente les principes et fonctionnement de l’appli de suivi baptisée Covi. A consulter ici.