Un DPI unique pour tous les hôpitaux du pays ? Les premiers intéressés doutent de la faisabilité…
publié le 28 septembre 2023
La question est souvent posée – et depuis longtemps : pourquoi les hôpitaux s’évertuent-ils, chacun de leur côté, à choisir un DPI (dossier patient informatisé), à se lancer dans le long processus d’adaptation à leurs besoins, alors qu’il serait potentiellement plus simple, moins onéreux, voire plus rapide de mutualiser l’expérience et de déployer une solution commune à tous les établissements ?
Les spécificités sont-elles telles que ce scénario est impossible ? A moins qu’il y ait d’autres “sensibilités” en jeu ?
La question fut à nouveau abordée à l’occasion d’une table ronde organisée par le magazine spécialisé Le Spécialiste (en partenariat avec MSD). Voici les réactions de deux responsables hospitaliers participants – Francis de Drée, directeur général adjoint du H.U.B. (Hôpital universitaire de Bruxelles) et Benoît Debande, directeur général administratif et financier du Chirec.
Francis de Drée commence par un argument (théorique) favorable à un choix unique et concerté de DPI : le financement. “Au niveau théorique, de façon intuitive, l’idée est excellente: pouvoir mutualiser les moyens pour pouvoir produire un DPI commun”. Cela permettre en effet de mettre des moyens financiers (et éventuellement informatiques et humains) en commun pour des développements fonctionnels plus ambitieux. Il évoque notamment (mais c’est vrai qu’on parle là d’une échelle d’investissement survitaminée) le cas de Kaiser Permanente, un consortium américain de soins gérés intégrés. En comparaison, “le budget alloué à l’informatique hospitalière en Belgique est très faible”.
De la théorie à la pratique et à la réalité, il y a un pas… Ce qui lui fait ajouter ce qui suit : “Au niveau de la vie réelle, de l’opérationnel, c’est moins évident de produire un seul DPI. En France, les autorités de certaines régions ont essayé de développer des DPI mutualisés. Mais comment faire pour qu’un DPI corresponde aux attentes de tous les hôpitaux. C’est une chimère. Il faut une gouvernance pour gérer un DPI et la gouvernance opérationnelle se trouve actuellement au niveau des hôpitaux, pas aux niveaux fédéral ou régional.”
Benoît Demande pointe un autre argument – et réalité : “Commençons par essayer d’avoir un même DPI par réseau. J’attends de voir que tous les spécialistes d’une même discipline parviennent à s’entendre pour remplir de la même façon un DPI.”
Il ajoute, en guise de suggestion : “Pour mettre les réseaux sur pied, ne profiterait-on pas de projets novateurs, par exemple, l’utilisation de l’intelligence artificielle et la problématique de la cybersécurité ? Les hôpitaux pourraient se mettre autour de la table parce que la problématique est très similaire partout et qu’elle pourrait être résolue de manière uniforme sans devoir se plonger dans les spécificités de chacun des hôpitaux et l’historique des pratiques.”
Source : Le Spécialiste