Explosion de start-ups de santé numérique: la forêt deviendrait-elle trop dense?
publié le 11 mai 2021
La création de start-ups qui ont choisi le terrain de la santé numérique avait déjà pris un solide rythme de croisière avant la crise sanitaire. La pandémie et la nécessité de changer ou de faire évoluer de nombreuses pratiques n’ont fait que décupler le phénomène. Quelques belles “exits” ou tours de table financiers, réussis par l’une ou l’autre, ont également alimenté le feu.
Aux Etats-Unis, pas moins de 7 milliards de dollars en capital à risque ont ainsi été injectés dans les services de santé au premier trimestre de cette année. Record battu. Outre-Atlantique, pendant cette période, les start-ups d’e-santé ont représenté 10% de l’ensemble des investissements en capital à risque. Là aussi, c’est un nouveau record.
La flambée est telle que des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent, du côté des entreprises et des compagnies d’assurances notamment, pour en appeler à une rationalisation et clarification du paysage.
La multiplication des start-ups conduit en effet à un marché saturé d’initiatives et de propositions qu’il est difficile de distinguer les unes des autres, que ce soit en termes de fonctionnalités proposées ou de modèles de viabilité économique.
Un article publié récemment par le Wall Street Journal et repris sur le site L’Opinion indique que les responsables de mutuelles et d’autres prestataires de services d’entreprise, qui sont les principaux clients de ces start-ups d’e-santé, “font pression sur les sociétés de santé numérique pour qu’elles ajoutent des services, fusionnent avec des entreprises complémentaires et concluent des accords sur les prix”.
Compte tenu des particularismes du marché américain, où la couverture santé est souvent proposée par les employeurs, les start-ups ont fait des entreprises une cible privilégiée pour les convaincre d’adopter leurs solutions, arguant qu’elles leur permettront réduire leurs frais de santé. Mais que choisir parmi la masse de solutions existantes? Et comment jongler avec plusieurs applications qui visent souvent, chacune, un problème spécifique (stress, hypertension, diabète, sur-poids, problèmes cardiaques…)?
Les entreprises commencent dès lors à tenir un nouveau discours, qui pourrait fort bien avoir des conséquences sur l’offre et sur le paysage des start-ups d’e-santé outre-Atlantique. “Les employeurs demandent aux fournisseurs de santé numérique de s’intégrer avec leurs assureurs et d’étendre la gamme d’affections auxquelles leurs produits s’adressent. Les employeurs font également pression pour que ces services cessent de facturer un abonnement mensuel pour tous les salariés éligibles, mais qu’ils se basent plutôt sur les salariés qui utilisent le service, car beaucoup de ces applications restent inutilisées.”
La pression se fait ainsi plus forte pour une rationalisation, pour un regroupement entre start-ups (pour offrir un panel de fonctionnalités plus large, multi-maladies). “Beaucoup d’employeurs préfèrent travailler avec la même entité pour toutes les maladies graves.” O pourrait dès lors se diriger vers une situation où le nombre de fusions ou d’acquisitions pourrait augmenter…