19 des 35 lauréats européens 2019 “Innovators under 35” opèrent dans le secteur médical
publié le 16 janvier 2020
Innovators under 35 est un concours international organisé, chaque année, par le magazine MIT Technology Review, avec organisation de sélections nationales (la Belgique eut pour la première fois droit à figurer parmi les pays participants en 2015).
Le concours vise à identifier et récompenser des entrepreneurs, chercheurs, porteurs de projet âgés de moins de 35 ans “qui cherchent à résoudre les grands problèmes mondiaux d’aujourd’hui en mettant au point des technologies innovantes et des solutions susceptibles d’avoir un impact sur la vie de millions de citoyens du monde.” Les domaines dans lesquels ils sont actifs sont potentiellement multiples: médecine et biotechnologie, informatique, intelligence artificielle, robotique, énergie…
L’édition 2019 a, dans son volet européen, largement récompensé des acteurs évoluant dans le secteur de la médecine et de la biotechnologie. En effet, pas moins de 19 des 35 lauréats venaient de cette catégorie thématique.
Voici un bref aperçu des innovations et réalisations, classées par pays d’origine, qui ont convaincu le jury international.
Allemagne – Mark Fingerhuth, fondateur de la société ProteinQure, spécialisée dans le développement de méthodes de calcul aptes à concevoir de nouvelles structures chimiques via la synthèse et le test de différentes protéines.
La simulation et la conception de ces nouvelles structures sont destinées à être confiées à des ordinateurs quantiques. Pour ce faire, Mark Fingerhuth a conçu un algorithme quantique spécifique qui procède à des simulations moléculaires de “pliage” de protéines leur donnant une structure 3D. La solution simule et “stimule” les molécules et a recours à l’intelligence artificielle pour analyser leur comportement.
Allemagne – Philip Stevens, concepteur d’un outil de diagnostic pour le séquençage d’échantillons sanguins et leur analyse microbienne (bactéries, champignons, parasites). Le logiciel d’analyse s’appuie sur un algorithme lui-même basé sur des techniques bio-informatiques (bases de biomarqueurs) et des modèles statistiques.
Il accélère sensiblement l’analyse des échantillons sanguins (en l’espace de 10 minutes) pour identifier la cause de l’infection. Autre avantage: une identification précise du degré d’infection.
La solution est aujourd’hui portée par la société qu’a créée Philip Stevens: Noscendo.
Espagne – Ester Caffarel-Salvador, conceptrice du LUMI (Luminal Unfolding Microneedle Injector), destiné à l’administration de médicaments contre le diabète par voie orale, sous forme de capsules intégrant de micro-aiguilles solubles et la micro-pilule proprement dite (la SOMA – Self-orienting Millimetre Scale Applicator), qui achemine l’insuline sans dégradation intermédiaire.
Espagne – Idoia Ochoa, qui a inventé de nouveaux formats numériques et divers algorithmes servant au stockage, au transfert, à la visualisation et à l’analyse de données génomiques. Domaine plus particulièrement concerné: la médecine personnalisée. Les formats développés permettent de compresser et de mieux analyser les énormes volumes de données génomiques (on estime que, d’ici 2025, il s’en produira entre deux et 40 exa-octets chaque année). Parmi les algorithmes qu’elle a développés, citons QualComp, QVZ, GeneComp, AliCo, FaStore et SPRING. Mme Ochoa est professeure adjointe au département d’ingénierie électrique et informatique de l’université Urbana-Champaignx (Illinois, USA).
Espagne – Teresa Arroyo-Gallego, conceptrice de NeuroQwerty, une solution visant à analyser les interactions entre utilisateurs et dispositifs connectés en vue de procéder au diagnostic précoce de la maladie de Parkinson. Son projet a évolué en société, – nQMedical, basée à Cambridge dans le Massachusetts. La société, dont elle dirige l’équipe chargée des données scientifiques, poursuit le développement du projet.
L’algorithme auto-apprenant surveille et interprète notamment des symptômes tels que tremblements, lenteurs de mouvement, raideurs dans les doigts….
Estonie – Marek Sirendi, ancien chercheur au CERN et détenteur d’un master en physique de l’université de Cambridge, est l’auteur du logiciel CodeRhythm, un algorithme qui vise à prédire et prévenir les arrêts cardio-respiratoires chez les patients souffrant de maladies cardiaques et à permettre aux médecins d’anticiper le recours à un défibrillateur. L’algorithme est désormais commercialisé par la société qu’il a fondé (Transformative).
Finlande – Lauri Sippola, concepteur de la plate-forme Kaiku Health qui assure le suivi du traitement de patients cancéreux (25 cancers différents peuvent être suivis) et a recours à l’apprentissage automatique pour anticiper les symptômes, prédire l’évolution des traitements et personnaliser le suivi.
Kaiku Health se compose d’une appli mobile via laquelle le patient notifie ses symptômes, la nature de son traitement. Les données et des notifications (anomalies) automatiques sont collectées par l’oncologue qui peut ainsi adapter plus dynamiquement le traitement. Les données servent également au développement de nouvelles thérapies.
La solution a déjà été déployée dans une soixantaine d’hôpitaux en Europe (Finlande, Suède, Allemagne, Suisse, Italie).
France – Arnaud Pourredon, initiateur de la plate-forme Meditect destinée aux sociétés pharmaceutiques exportant des médicaments en Afrique. La solution a recours à la technologie de la blockchain pour assurer le suivi et l’authentification des médicaments tout au long de la chaîne de distribution. Actuellement, la solution n’est encore utilisée qu’en Côte d’Ivoire, par 100 pharmacies installées dans cinq grandes villes.
Mais des accords ont déjà été passés qui devraient permettre à la société de desservir des pharmacies opérant au Sénégal, en Mauritanie, au Mali et au Burkina Faso. L’ambition est d’être présent dans 25 pays africains d’ici 2022.
Pour aider à l’adoption de la solution, Meditect “récompense” les patients qui achètent des médicaments authentifiés en leur offrant des connexions Internet gratuites.
Royaume-Uni – Tom Stubbs a développé un outil épigénétique qui génère des recommandations pour adapter le “style de vie” des patients afin de réduire l’apparition de maladies chroniques. La solution qu’il a développée analyse la manière dont le génome se modifie en fonction de “signaux internes” (par exemple, les réactions hormonales à un état mental donné) et de “signaux externes (pollution, comportement alimentaire…). Il a fondé la société Chronomics.
Roumanie – Sorin Popa est le concepteur du cathéter vasculaire ePath, destiné plus particulièrement à des interventions sur des patients traités par hémodialyse ou souffrant d’obstructions coronariennes. Le cathéter ePath est destiné à remplacer les fistules artério-veineuses. Le dispositif se compose d’un tube synthétique et d’une aiguille abritant un champ électrique qui génère un signal que les médecins peuvent détecter sur un écran afin de mieux piloter l’aiguille.
La solution a été brevetée et est commercialisée par Pathfinder Medical (antérieurement Stent Tek).
Suède – Erik Gatenholm, co-fondateur de la société Cellink qui commercialise une solution d’encre biologique, développée par… son père, destinée à l’impression d’organes et de tissus humains. Il est aussi à l’origine d’Inkredible qui produit des bio-imprimantes, utilisant ces “bio-encres”. Et c’est déjà sa deuxième start-up dans le secteur médical, la première ayant vu le jour alors qu’il n’avait que 18 ans. En l’occurrence une société produisant des implants en cellulose pour cartilages.
Source: Himms MobiHealthNews.