Intelligence clinique et Intelligence artificielle. Alliés et complémentaires ?
publié le 14 novembre 2019
L’intelligence artificielle (IA) actuelle en médecine peut se prévaloir de grandes performances, particulièrement en analyse d’images à visées diagnostique et pronostique, mais, en pratique clinique quotidienne, les résultats de l’IA fondés sur des données probantes restent peu nombreux. Dans un article intitulé “Intelligence clinique et intelligence artificielle: Une question de nuance”, Claude Matuchansky, professeur émérite à la Faculté de médecine de l’université Paris-Diderot,, analyse les caractéristiques de l’intelligence clinique en pratique médicale, les succès et promesses de l’IA ainsi que les limites, réserves et critiques apportées à l’introduction de l’IA en clinique de première ligne. Il y souligne l’importance de certains aspects éthiques et de régulation, notamment le concept de “garantie humaine” à l’IA, telle que celle suggérée par le Comité consultatif national d’éthique français pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE).
Selon lui, l’“intelligence clinique” pourrait être cette garantie humaine de l’IA en médecine, “leur complémentarité pouvant conduire à une qualité de décisions largement supérieure à celle fournie séparément par chacune d’elles.” L’auteur met en outre en garde contre les risques de substitution, l’IA remplaçant, à terme, l’intelligence clinique.
Alors mutatis mutandis? Volens nolens? Sans doute mais pas à n’importe quelle condition ni à n’importe quel prix, “notamment pas à celui de sacrifier la relation singulière patient-soignant ou la conscience des décisions. Faisant fi de l’opposition entre bio-progressistes et bio-conservateurs, de la querelle des anciens et des modernes, la nuance est plus que jamais nécessaire à un débat dépassionné et argumenté entre intelligence clinique et intelligence artificielle !”