Améliorer le système des soins de santé par l’économie comportementale
publié le 25 novembre 2019
Petite respiration vidéo en ce début de semaine… Lors d’un exposé donné à la conférence annuelle TedMed (dans la lignée des TEDx), David Asch, expert en stratégie santé et économiste comportemental, directeur exécutif du Penn Medicine Center for Health Care Innovation, professeur à la Perelman School of Medicine et à la Wharton School (Université de Pennsylvanie), a abordé le sujet de l’impact des comportements humains sur la qualité des soins.
Son argument: en agissant sur des comportements souvent irrationnels mais hautement prévisibles, il serait possible d’améliorer sensiblement la qualité et l’efficacité des soins donnés, du système de soins proprement dit et, qui sait?, de la sécurité sociale…
Selon lui, l’une des manières les plus efficaces pour réaliser des progrès dans le domaine des soins est de procéder à des améliorations substantielles dans le “comportement” de santé et de soins de santé.
Chaque patient, chaque individu, chaque professionnel de soins dispose de suffisamment d’informations mais n’en fait pas un bon usage. La manière dont nous “fonctionnons”, dont le cerveau de chacun fonctionne, réagit aux situations et stimuli, est biaisée et enracinée dans des habitudes ou réflexes difficiles à modifier. “Le cerveau est un mécanisme haute résistance. Changer le comportement du cerveau avec des informations est très difficile.”
Pour améliorer les soins et le système de soins, des arguments purement financiers ne suffisent pas. Si la logique et le raisonnement purement économique étaient la solution, il suffirait de trouver le système de rémunération idéal pour le médecin et le système d’intervention et de remboursement idéal pour le patient. Mais l’équation n’a pas encore été trouvée.
Selon lui, il faut davantage se tourner vers le concept de “l’économie comportementale” qui part du principe que l’homme agit de manière irrationnelle, que nos décisions sont avant tout basées sur des émotions ou par le contexte social. Mais que cette action irrationnelle est aussi hautement prévisible.
Pour démontrer sa thèse, il recourt à plusieurs exemples vécus. Par exemple, la manière dont un hôpital américain a réussi à changer les pratiques de ses médecins en matière de prescription de médicaments génériques par rapport aux médicaments “de marque”.
Un fragment de code a été inséré dans le DPI qui, par défaut, recommande le médicament générique. Dont gain pour l’hôpital (américain) qui a eu recours à ce petit “subterfuge”: 32 millions de dollars en l’espace de deux ans. “Nous avons simplement rendu la chose plus facile aux médecins, pour les aider à faire ce qu’ils avaient de toute façon envie de faire…”
David Asch évoque encore d’autres exemples: comment motiver un individu à faire de l’exercice physique pour perdre du poids, ou un patient à prendre régulièrement son médicament pour éviter un souci de santé qu’il sait pertinemment bien être une réelle possibilité, comment améliorer les pratique d’hygiène au sein des hôpitaux…