Les professions libérales, y compris médicales, face à la numérisation de leurs outils et de leur métier
publié le 31 mai 2024
La banque Van Breda a récemment publié les résultats d’une étude qu’elle avait confiée au cabinet WhyFive portant sur la manière dont les professions libérales, notamment médicales, accueillent et envisagent le tournant numérique de leurs métiers.
Echantillon de l’enquête : 680 entrepreneurs et titulaires de professions libérales.
Si l’on se concentre sur le ressenti des professions libérales médicales, l’enquête Van Breda indique que “les professions libérales médicales voient l’IA à la fois comme la plus grande opportunité et la plus grande menace. La règle est que l’on voit généralement les nouvelles innovations numériques et technologiques plus comme une opportunité que comme une menace, à une exception près : les soins virtuels. Seulement 15% voient cela comme une opportunité, et plus d’un quart y voient une menace potentielle pour leur profession.”
73% des titulaires de professions libérales se disent “inquiets” au sujet des conséquences de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le cadre de leur métier. Principales sources d’inquiétude : l’éthique et l’impact potentiel sur le diagnostic. “Ils craignent qu’un large accès à l’IA n’entraîne des auto-traitements par les patients ou des interprétations erronées des diagnostics. De plus, ils estiment que l’utilisation généralisée de l’IA pourrait entraîner une perte d’empathie et de contact humain dans le parcours de soins.”
L’IA fait également surgir le spectre de l’obsolescence ou de l’inutilité programmée de l’humain pour certaines tâches. Et cette inquiétude ne se rencontre pas uniquement dans les rangs des professionnels de santé. On la rencontre également du côté des porteurs de projets et entrepreneurs ayant le secteur des soins comme cible : pas moins de 53% d’entre eux (dans l’échantillon retenu pour l’enquête de la banque Van Breda) se disent “convaincus que l’IA finira par remplacer leurs activités ou processus actuels”.
Autre aspect de l’informatisation qui est source de réflexions, voire de réticence : la protection des données et leur responsabilité en cas de diagnostic incorrect. Pas moins de 73% des professionnels médicaux interrogés se disent inquiets des implications éthiques de l’utilisation de l’IA à des fins de diagnostics dans le secteur de la santé. 53% évoquent “quelques préoccupations” ; 20% se disent “grandement préoccupés”. Ils citent notamment une perte d’autonomie décisionnelle, le risque d’auto-traitement des patients…
93% des répondants préfèrent demeurer prudent, attendre et observer avant de s’engager, insistant sur l’importance de garder “une attitude critique et faire preuve de discernement face aux nouvelles technologies”.
Prudence, inquiétude, incertitude mais… confiance. En dépit de ces préoccupations, exprimées plus ou moins fortement, les réponses récoltées à l’occasion de cette enquête permettent à leurs auteurs de conclure que 71 % des personnes interrogées s’estiment “compétentes pour gérer les évolutions induites par les innovations et technologies numériques, en ce compris par l’IA” (12% se disent “très compétentes” ; 59% “plutôt compétentes”).
Si elles s’estiment donc aptes à faire face et à maîtriser les implications de ces innovations et progrès technologiques, nombreuses sont toutefois celles qui reconnaissent une “tension en raison de l’évolution rapide des innovations numériques, en particulier de l’IA”.
Par ailleurs – décidément, on n’est pas à une discordance près ! -, “plus de la moitié des sondés se sentent également incertains quant à l’application pratique de certaines innovations numériques”.
Faut-il voir dans toutes ces perceptions une contradiction ? Cela vaudrait sans doute la peine de creuser la question.
Le livre blanc publié reprenant les conclusions de l’enquête “Deep Live – Digitalisation et IA” peut être téléchargé via ce lien.
Ce livre blanc reprend notamment les points de vue de professionnels de la santé tels qu’Erik Ranschaert, radiologue et expert en IA à l’Institut du Cancer d’Amsterdam ou Koen Kas, oncologie moléculaire et expert en santé numé »risque (fondateur de HealthSkouts, cabinet conseil en santé numérique).